Les enseignements tirés du déploiement des vaccins contre la COVID-19 au Botswana

Les enseignements tirés du déploiement des vaccins contre la COVID-19 au Botswana

La plus grande campagne de vaccination jamais organisée en Afrique est en bonne voie. En effet, 52 pays africains poursuivent le déploiement des vaccins contre la COVID-19 et plus de 73 millions de doses ont déjà été administrées sur le continent.

Avec le soutien de l’OMS, le Botswana est l’un des quatre pays africains qui ont réalisé une revue « intra-action » de leur déploiement rapide des vaccins contre la COVID-19 pour faciliter l’élaboration de la phase suivante.

« Le but de cette revue était d’identifier les défis et les meilleures pratiques pour continuer à adapter notre déploiement », explique la Dre Malebogo Kebabonye, Directrice des services de santé au ministère botswanais de la santé et du bien-être. « Nous avons pu prendre des mesures correctives rapides et améliorer nos services. »

Une planification rigoureuse

Le plan national de déploiement des vaccins du Botswana était déjà en place un mois avant l’arrivée des premiers vaccins, fin mars. En outre, le pays a mené des enquêtes pour évaluer les perceptions du public concernant la vaccination et a organisé une campagne nationale d’information intitulée ArmReady (« prêts à être vaccinés ») pour sensibiliser le public.

« Notre plan national de déploiement a été validé au niveau du cabinet du ministère. Les enquêtes ont indiqué que 76 % du public était favorable à la vaccination. Grâce à la campagne ArmReady, nous avons également cherché à prévenir les éventuelles réticences », explique la Dre Kebabonye.

« Dans la première phase, visant à toucher 264 000 personnes, il s’agit de protéger notre système de santé. La deuxième phase vise à garantir la poursuite des activités économiques. La troisième et dernière phase ciblera les jeunes de 18 à 29 ans. »

Au début du mois de juillet, le Botswana avait reçu 473 000 doses des vaccins AstraZeneca-Covishield, Pfizer et Sinovac et avait alors administré les premières doses à 150 000 personnes, soit environ un dixième de la population adulte du pays. Parmi ces personnes figuraient 70 % des soignants et 60 % des personnes âgées de plus de 55 ans.

« La participation et la coordination multisectorielles de l’Équipe spéciale de la Présidence et du ministère de la santé ont été essentielles. Nous avons désigné des bureaux de liaison aux niveaux national et infranational et utilisé des centres communautaires comme sites de vaccination. Cette démarche a favorisé l’appropriation de la campagne par les communautés », souligne la Dre Kebabonye. « Nous avons d’abord testé notre déploiement sur un certain nombre de sites, puis nous avons augmenté le nombre en fonction de nos capacités. Compte tenu des problèmes d’approvisionnement, cette approche « boule de neige » s’est avérée très efficace. »

Une large couverture

Avant le début du déploiement, il a été crucial pour le Botswana de prévoir une série de scénarii et de défis, notamment l’incertitude quant à l’approvisionnement en vaccins.

« Nous invitons instamment les pays africains à prévoir de multiples scénarii, comme l’a fait le Botswana », déclare Chanda Chikwanda, coordonnatrice du programme d’apprentissage au Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique, qui contribue au partage des enseignements entre pays africains en vue du renforcement du déploiement des vaccins contre la COVID-19. « Nous devons être flexibles, en fonction de l’évolution des réactions aux vaccins et de l’arrivée des vaccins à temps. Il existe bon nombre de scénarii possibles, il est donc impératif de faire preuve de flexibilité ».

Un bon financement, notamment la mobilisation de ressources, ainsi que le suivi et l’évaluation constants s’appuyant sur une collecte efficace de données ont tous contribué au renforcement du déploiement rapide des vaccins contre la COVID-19 au Botswana.

Les pays qui ont mis l’accent sur la mobilisation des ressources se sont révélés être les plus à même de connaître de bons résultats. Eswatini a mobilisé suffisamment de fonds pour vacciner l’ensemble de sa population tandis que le Rwanda, l’Angola et le Ghana ont rapidement investi dans le renforcement des capacités de la chaîne du froid », souligne Mme Chikwanda. « Nous devons également cibler les communautés difficiles à atteindre, notamment les groupes de population itinérante et les personnes vivant dans des zones éloignées. Le Lesotho a fait appel aux médecins volants pour atteindre les communautés vivant dans des zones éloignées. »

Défis

Selon la Dre Kebabonye, les difficultés d’approvisionnement en vaccins contre la COVID-19 en Afrique ont également contribué à accroître la méfiance du public à l’égard du déploiement des vaccins au Botswana. Une certaine hésitation à se faire vacciner a également été constatée chez certains jeunes soignants, ce qui a été aggravé par la diffusion de fausses informations en ligne et hors ligne.

À l’instar de nombreux pays, le Botswana est confronté à des difficultés liées à la mobilisation d’un nombre suffisant de vaccinateurs, de personnels infirmiers, de professionnels de la santé et de personnels de soutien pour une campagne d’une telle envergure.

Par ailleurs, le manque d’équipements et la faible connectivité Internet dans certaines zones ont compromis l’utilisation des systèmes de données électroniques qui permettent de suivre l’administration des vaccins et leurs éventuels effets indésirables.

« Nous avons élargi les connaissances que nous partageons avec les agents de santé et les communautés sur les effets indésirables [potentiels] des vaccins, notamment sur la manière d’évaluer et de gérer les effets secondaires », a souligné la Dre Kebabonye.

Une apprentissage continu

Interrogée sur les conseils à prodiguer aux autres pays africains, la Dre Kebabonye évoque une approche progressiste et flexible, mettant l’accent sur la mise en œuvre de phase pilote et l’apprentissage continu.

« Ces revues, comme celle que nous avons réalisée en avril avec l’OMS, doivent être des processus continus, effectués par tous les pays pour s’améliorer en permanence », a précisé Dre Kebabonye.

En tout, neuf autres pays africains ont récemment manifesté leur intérêt pour la réalisation de revues similaires.

 « Dans une certaine mesure, nous apprenons tous avec ce nouveau virus et cette campagne de vaccination sans précédent », a souligné la Dre Phionah Atuhebwe, responsable de l’introduction des nouveaux vaccins au Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique. « Il est essentiel que nous suivions de près les progrès réalisés et que nous partagions les enseignements et les meilleures pratiques entre nos pays. Ainsi, nous pourrons tous ensemble contribuer à l’amélioration continue du déploiement des vaccins contre la COVID-19. »

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